Propositions pour la FFDF (3/3) Sélection de l'équipe de France

Propositions pour la FFDF (3/3) Sélection de l'équipe de France

14 juin 2015 | Catégories: ultimate | View Comments

En 2013, j'avais écrit cet article d'opinions au sujet de l'organisation de l'ultimate en France. Certaines choses ont évolué pour le mieux depuis (un match d'ultimate pour décider de la meilleure équipe d'ultimate en France) d'autres non. Aujourd'hui, en 2015, j'ai trois propositions à suggérer à la fédération française d'ultimate (FFDF) et je vais les décrire dans trois messages de blogue distincts au fur et à la mesure que je trouve le temps pour les rédiger. Ma première proposition (avril 2015) concernait la mise à jour de la règle de bris d'égalité. Ma deuxième proposition (mai 2015) concernait la restructuration du Championnat de France pour s'assurer de rassembler les meilleures équipes du pays via des phases de qualifications régionales. Ma troisième (juin 2015) concerne la sélection de l'Équipe de France et c'est celle que je décris dans ce texte.

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Sélection de l'équipe de France

En France si j'ai bien compris, pour former l'équipe nationale, on sélectionne d'abord le sélectionneur qui lui va ensuite sélectionner les joueurs qui formeront une équipe. Ça semble être la façon de fonctionner dans tous les sports. Du moins, pour le soccer, je sais que c'est comme ça surtout après la Coupe du monde en Afrique du Sud, car on n'en avait entendu parler...

J'imagine que c'est difficile d'imaginer un autre système si tous les sports fonctionnent de cette manière. Pourtant il en existe d'autres manières. Et comme je connais d'autres manières, je me questionne sur quelle est la meilleure compte tenu du contexte de l'ultimate en France en 2015.

Une équipe

Selon mon expérience, une équipe avec des joueurs donnés a besoin de trois ans pour atteindre son sommet de performance. À ce sujet, vous pouvez lire un texte que j'avais écrit en 2013 au sujet du nombre d'années qu'ont pris les 5 équipes québécoises qui ont gagné les championnats canadiens au cours des dernières années. La première année, c'est l'apprentissage à jouer ensemble, ce qui inclut beaucoup trop d'erreurs de communication sur le terrain pour pouvoir viser la performance. La deuxième année, c'est une première occasion de viser la performance, mais souvent l'expérience d'équipe n'y est pas et on perd en demie-finale ou en finale à cause d'erreurs qui ne s'étaient jamais produites avant, car c'est la première fois qu'on essayait de performer. Puis, la troisième année, habituellement, c'est la bonne, car la communication est bonne et on a l'expérience des matchs importants et des erreurs à ne pas refaire dans les situations importantes.

Ces trois années ne sont pas des années où on regarde le temps passer. Le développement de l'équipe ne se fait pas tout seul. Il lui faut des rencontres hebdomadaires sinon bihebdomadaires pendant toute la période pour assurer cette progression. Il faut du temps pour définir un système de jeu d'équipe incluant les mouvements en défensives et en attaque. On parle par exemple de 500 heures de temps de pratique et peut-être de 300 heures de tournois. C'est un long travail. Tellement de travail et d'énergie qu'un joueur de cette équipe ne pourrait jamais imaginer jouer dans deux équipes visant le même niveau de jeu.

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Pour moi, une équipe, c'est beaucoup plus qu'une sélection. Bien sûr, les équipes de France d'ultimate font des entraînements (des stages comme ils sont appelés) une dizaine par année peut-être. Mais avec les transports, le temps et les coûts élevés que nécessitent chacun de ces entraînements, il est difficile d'atteindre le nombre d'heures d'entraînement qu'un club peut se permettre. D'autant plus que les mêmes joueurs en France sont sur-solicités en participant à de multiples équipes en parallèle. En effet, il est tout à fait normal en France pour un joueur de participer au championnat de France mixte, au championnat de France open, au championnat du monde sur plage et au championnat d'Europe des nations avec quatre équipes différentes et dans la même année. À mon avis, cet éparpillement est tout à fait orthogonal à l'optimisation des résultats de l'une ou de l'autre de ces équipes.

En considérant le contexte actuel de l'ultimate, les équipes qui représentent la France à l'international sont loin d'atteindre le niveau de jeu qu'elles pourraient atteindre si elles étaient choisies autrement.

Comment devrait-on choisir les équipes de France?

Je crois que la sélection des joueurs qui représentent la France à l'international devrait se baser un peu plus sur la structure actuelle de formation des équipes en France: les clubs.

Une équipe se rend en finale des Championnats de France. Une équipe gagne les Championnats de France. Cela prend déjà au moins deux bonnes années d'énergie à ces deux équipes pour se rendre là. Deux bonnes années d'apprentissages et d'adaptations suites aux défaites qui ont précédé la joute et la victoire du championnat de France. Certainement que plusieurs des joueurs qui jouent la finale du Championnat de France feront partie de l'équipe qui représentera la France peu importe la méthode qui sera choisie pour sélectionner l'équipe de France. La question que je me pose est: pourquoi ne pas profiter des apprentissages, de l'expérience et d'un système de jeu qui a fait ces preuves devant toute la communauté d'ultimate d'une nation pour représenter cette même nation à l'international?

Selon moi c'est ce qui serait le mieux pour la France: l'équipe qui remporte le Championnat de France devient le comité de sélection de l'équipe de France pour les prochains Championnats du monde et d'Europe des nations. C'est elle qui choisi les entraîneurs. C'est elle qui choisit les joueurs. C'est elle qui sait comment utiliser la prochaine année pour continuer son développement et pour repousser plus loin les limites et se basant sur les acquis qui ont fait leur preuve.

La Fédération peut très bien ajouter des règles de représentation nationale. Par exemple, le club doit sélectionner au moins 5 joueurs faisant partie d'un autre club. Ce sera au club champion de décider quels sont les 5 (ou plus) joueurs qui compléteront le mieux l'équipe championne en place. Typiquement, ces joueurs supplémentaires proviendront de l'équipe finaliste mais ce n'est pas obligé. La fédération pourrait aussi exiger que ces joueurs proviennent d'au moins trois autres clubs pour permettre une plus grande diffusion des connaissances et expériences acquises du fait de faire partie de l'équipe nationale.

Les avantages d'une sélection basée sur le championnat de France

Je vois plusieurs avantages à ce modèle pour la sélection de l'équipe de France:

  • Permet d'éviter l'éparpillement (un joueur joue soit pour son club, soit pour l'équipe nationale) donc la concentration sur un seul et même but sur une même année;
  • Permet de former une équipe automatiquement efficace, car on sait qui sont les chefs, les leaders. On écoute les gagnants, quoi de plus naturel?
  • Fait en sorte que l'équipe de France se base sur une équipe existante qui a fait ses preuves dont la phase d'apprentissage et de multiples erreurs de communication est passée;
  • Fait en sorte qu'une année est suffisante pour intégrer les nouveaux joueurs choisis parmi les autres clubs;
  • Fait en sorte que l'équipe de France est une équipe mature et prête à performer;
  • À plus long terme, ce modèle oriente les clubs sur le développement d'équipes performantes plutôt que de joueurs spectaculaires (mais inefficaces) espérant être sélectionnés.

Pour une France forte. Pour une France performante à l'international d'ici quelques années.

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