Monsieur Coderre a raison de parler de la qualité des terrains... d'ultimate

Monsieur Coderre a raison de parler de la qualité des terrains... d'ultimate

27 janvier 2015 | Catégories: ultimate | View Comments

Comme l'a annoncé Radio-Canada cette semaine, "le maire de Montréal, Denis Coderre, veut promouvoir le baseball. Pour ce faire, il annonce entre autres un investissement de 11 millions de dollars pour la réfection des terrains de balle municipaux, dont plusieurs sont en mauvais état". Cette nouvelle m'a fait réaliser plusieurs choses.

Premièrement, oui, on a le droit de considérer la qualité des terrains sur lesquels on pratique notre sport. Je ne m'étais jamais posé cette question toutes les soirées où j'ai pratiqué avec Méphisto les soirs de semaines sur les terrains secs, argileux et si mal drainés de l'Hôpital Douglas à Verdun. Je n'avais jamais remis en question la qualité des terrains au centre de l'anneau de l'Hippodrome à Montréal au milieu des années 2000 dans la ligue du mardi avec les Smileys. Un terrain où la pelouse ressemble étrangement à du sable dur et où le foin atteint les 30 cm de hauteur.

Deuxièmement, une ville peut financer des installations sportives. Ça non plus, je ne savais pas que ça se pouvait. Je croyais que la seule possibilité était que nous autres, joueurs et joueuses d'ultimate, paient comme l'Association d'ultimate de Montréal (AUM) l'a fait dans Rosemont en 2010 en investissant 50000$ pour retaper un terrain ou encore l'Association des joueuses et joueurs d'ultimate de Québec (AJJUQ) l'a fait dans les années 2000 en investissant elle aussi plusieurs milliers de dollars pour développer le Parc d'ultimate de Québec (PUQ) situé sous les lignes à haute tension de pilônes électriques d'Hydro-Québec (quoi de plus normal?). Sinon, je pensais que la seule façon de pratiquer mon sport était de trouver un terrain encerclé par les voies d'accès du pont Jacques-Cartier. L'avantage de ce terrain du parc Faubourg est qu'il est toujours libre, car personne n'a le goût d'être là. Et surtout, suivez le conseil de l'association en vous installant "le plus près possible du pont, car c'est de là que le terrain est le plus beau!".

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Troisièmement, de l'éclairage, ça existe. Dans l'article de Radio-Canada, "on parle notamment de mettre l'accent sur le drainage et l'éclairage". Le drainage, je ne peux pas en parler, car je n'ai jamais eu l'occasion de jouer sur un terrain drainé. Mais l'éclairage, ça je sais ce que c'est. Mais je n'avais pas pensé qu'on pouvait s'en servir pour utiliser un terrain d'ultimate en soirée. Comme c'est brillant! Je m'étais habitué à faire des pratiques d'ultimate écourtées de 30 minutes dans un parc au mois d'août juste avant les Championnats canadiens, car il ne faisait plus assez clair pour jouer sans se blesser. J'avais toujours trouvé géniale et naturelle la politique de temps de jeu maximum de l'AUM basée sur le coucher du soleil: au crépuscule, le match est terminé peu importe le pointage. L'heure du coucher du soleil est connue à l'avance par les deux capitaines selon des calculs de météo média et elle détermine l'heure de la fin du match à la minute près selon la date du match. Les matchs se terminent quand dans les autres sports?

Notons, il faut le dire, que le développement des installations sportives pour les autres sports (football, soccer, volley ball de plage) bénéficie aussi à l'ultimate. L'hiver, les Montréalais n'ont plus à faire 40 minutes de voiture pour jouer un match d'ultimate à 23h10 un mardi soir à Saint-Jean-sur-Richelieu. Depuis les 5 ou 6 dernières années, de nouveaux plateaux de soccer intérieur et dômes gonflés sur des terrains extérieur en synthétique ont vu le jour à Laval, à Longueuil, au campus Loyola de l'Université Concordia et au Stade Hébert (Crémazie et Viau). Cela a permis d'accueillir une forte croissance de la pratique de l'ultimate en hiver. Donc, ça oui, je le savais quand même un peu: les investissements en installations sportives faites pour d'autres sports profitent aussi à l'ultimate lorsque nous avons accès à ces plateaux. Il ne faut pas tenir cela pour acquis comme se le demandait récemment Philippe Thivierge. En France par exemple, le soccer s'approprie toutes les plages horaires et laisse des miettes à l'ultimate sinon rien.

Comme le baseball, l'ultimate connaît aussi une progression annuelle de 5 à 10% du nombre de participants pour un total de plus de 6000 joueurs et joueuses au Québec en 2014. Aussi, l'ultimate a l'avantage de rejoindre dans des proportions beaucoup plus équilibrées tant les femmes que les hommes, proportion que j'évaluerais à 40%-60% (à confirmer par la fédération). Finalement, l'ultimate possède déjà son équipe professionnelle d'ultimate, le Royal... dont le nom a peut-être été inspiré du baseball. Si je ne me trompe pas le Royal a déjà attiré plus de spectateurs que la plus petite foule de l'histoire des Expos (2134 personnes le 5 septembre 2002 selon cet article de RDS), c'est déjà ça!

Selon l'article de Radio-Canada, il y aurait 27000 joueurs de baseball dans la province. Soyons donc honnête et raisonnable dans nos demandes comme nous l'avons toujours été. Optons pour la répartition proportionnelle: \[ \frac{6000}{27000 + 6000} \times 11\,000\,000 $ = 2\,000\,000 $ \] Tout spécialiste de la négociation sera d'accord pour dire qu'une répartition proportionnelle est juste. Ainsi, soyons honnête et laissons 9 des 11 millions $ de l'investissement de Monsieur Coderre pour le baseball et conservons seulement ce que nous méritons, c'est-à-dire la différence de 2 millions $ pour faire des investissements sur l'île de Montréal pour construire des installations en bons états (terrains drainés, éclairés avec estrades) pour la pratique de l'ultimate.

Et vous, pensez-vous que l'ultimate mérite une attention de la part des municipalités comme le suggère la fin de l'article de La Presse sur le même sujet?

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